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Réflexion autour des difficultés rencontrées dans le métier d’enseignant et des solutions possibles.

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Message d'un collègue aux autorités cantonales. Un GT sur les conditions cadres sera mis en place par le DEF

Le métier d’enseignant est un métier dénigré. Régulièrement nous entendons des remarques du genre : « Vous êtes tout le temps en vacances ! » « Moi, je ne finis pas ma journée à 16h » « De toute façon vous êtes trop payés pour ce que vous faites ! » « Le niveau des élèves baisse, vous leur apprenez quoi à l’école ?» De plus, de nombreuses situations peuvent entraîner stress, déceptions, frustrations diverses et même burnout. J’ai choisi de lister quelques difficultés rencontrées dans le métier. Cette liste n’est pas exhaustive mais fidèle aux situations que j’ai pu rencontrer durant mes 18 années d’enseignement. Pour chaque situation, j’ai également réfléchi à une ou plusieurs solutions qui pourraient aider à résoudre ces difficultés. Très peu de moyens sont mis à disposition des enseignants pour résoudre ces problèmes.

 

La question qui me vient alors, c’est comment permettre aux enseignants de trouver des stratégies efficaces pour vaincre ces embûches. Il me semble qu’il devrait y avoir une personne de référence à l’état du Valais qui pourrait les guider dans leur réflexion, les aider à mener à bien des projets, les accompagner lors d’entretiens difficiles avec des parents ou simplement les diriger vers un professionnel qui pourrait les aider en cas de difficultés majeures. Malgré le côté social du métier, un enseignant peut parfois se sentir bien seul et les collègues de travail ne sont pas toujours des ressources. Avoir la possibilité de pouvoir poser ses questions en dehors du cadre des collègues directs peut véritablement être un atout pour les enseignants qui souffrent d’une ambiance de centre scolaire tendue ou malsaine.

 

Si le personnel enseignant se porte bien, alors tout le monde pourrait y gagner. Les élèves auraient une meilleure qualité d’enseignement, les parents seraient plus satisfaits car leurs enfants se sentiraient mieux. Le directeur aurait moins de problèmes à gérer et moins de remplaçants à chercher, l’inspecteur aurait moins de récriminations et l’Etat du Valais se verrait gratifier d’une réputation vraiment positive. Pour avoir des employés « heureux » de travailler, je pense qu’il faut déjà les connaître, être disponible pour eux, créer une ambiance propice au dialogue mais aussi laisser une part de liberté à chacun. Il faut savoir mettre à contribution les qualités de chacun selon ses capacités et rester toujours à l’écoute de leur ressenti. Il faut également que leurs connaissances du métier accroissent car en apprenant davantage on se renouvelle, on progresse, on reprend confiance. Il faut également mettre en évidence le travail d’équipe, permettre à chacun d’avoir une place et ne laisser personne s’isoler du groupe.

 

Pour pouvoir permettre d’obtenir des résultats probants, il devient absolument nécessaire de trouver des solutions aux situations problématiques citées ci-dessous. Je vais essayer de m’y atteler, en étant conscient de ne pas avoir les réponses à toutes les situations possibles.

 

1 Épuisement psychologique :

Cet état est souvent la conséquence d’une accumulation de plusieurs autres situations difficiles. Il s’agit plutôt d’un symptôme. Cependant, il fait véritablement partie du quotidien des enseignants. Il peut devenir très sournois car il nous fait tomber dans un engrenage qui souvent nous empêche de remonter la pente. La fatigue nous empêche de trouver l’énergie suffisante pour nous prendre en mains et retrouver du punch.

 

Le fait de pouvoir partager à quelqu’un de neutre (ni un collègue, ni le directeur) sa fatigue peut déjà soulager. Le « coach scolaire » (nom qui pourrait convenir à un poste dédié au bien-être de l’école Valaisanne) peut par son écoute active aider l’enseignant épuisé, lui donner des pistes pour fixer des priorités et se reposer. Très souvent l’épuisement nous atteint quand le stress est à son apogée. Nous n’arrivons plus à trier les événements et les séparer. La masse de travail accumulée nous semble alors insurmontable. La première piste à travailler avec l’enseignant souffrant de cette fatigue, serait de l’aider à mieux structurer ses tâches, l’aider à planifier sa semaine pour trouver du temps pour d’autres activités que le travail, lui redonner le goût de prendre soin de lui. En divisant les tâches à réaliser, l’enseignant peut se rendre compte qu’il peut effectuer beaucoup de choses en peu de temps. Le coach scolaire pourrait aussi le guider vers des techniques de gestion du stress comme la sophrologie ou la méditation de pleine conscience. S’il juge la fatigue psychologique trop importante, il pourrait également lui conseiller d’aller consulter son médecin traitant ou bénéficier d’une aide spécialisée comme une psychologue.

 

2 Perte de motivation :

A force de rencontrer des échecs, de se sentir de plus en plus seul, de ne pas ressentir de soutien des autorités ou même des collègues, tout cela peut entraîner une sorte de résignation nocive pour l’enseignant mais aussi pour les élèves et les collègues qui côtoient cet enseignant. Je pense que cette situation est effrayante pour beaucoup d’enseignants car nous avons dans tous nos centres scolaires, des collègues « aigris » par trop de déceptions professionnelles. L’attitude de ces gens qui ne travaillent que pour le salaire qu’ils reçoivent à la fin du mois peut vraiment être nocive. Les salles des maîtres se transforment alors en déversoir de négativité. Cela peut rapidement devenir contagieux car il est beaucoup plus facile de pousser quelqu’un vers le bas que de le tirer vers le haut.

 

La plus grande difficulté pour résoudre cette difficulté récurrente chez le personnel enseignant, c’est que la personne qui « souffre » de ces symptômes en soit consciente et soit d’accord de changer sa vision des choses. Dans le cas contraire, nous pourrions essayer d’organiser une séance de type « Intervision » avec tous les intervenants du centre scolaire pour permettre à chacun de déposer un peu de son fardeau et essayer de co-construire une ambiance positive dans le centre. A la suite de cette séance, il faudrait encourager les enseignants à organiser ponctuellement ce genre de rencontres afin de leur donner une autonomie quant à l’épanouissement de leur centre scolaire. Il pourrait être judicieux de nommer une personne ressource dans le centre qui serait formée à ce genre d’intervention. Lors de la première rencontre, un questionnaire pourrait leur être distribué pour les aider à construire leur Intervision. Ce questionnaire ciblerait des thèmes comme : la collaboration, les règles du centre, la confiance, l’ambiance du centre scolaire… Il est également important de mettre un cadre à ces rencontres (limite de temps, parler en « je », le « tu » tue, lorsque quelqu’un parle, se taire et attendre d’avoir la parole). Dans le cas où l’enseignant est conscient de son manque de motivation et qu’il désire changer les choses, le rôle du coach scolaire devient alors beaucoup plus important. L’objectif deviendrait alors d’accompagner l’enseignant dans sa réflexion pour l’aider à trouver ce qui pourrait être source de motivation dans son enseignement et quelles stratégies mettre en place pour que cela devienne réalisable dans son quotidien. Le regard extérieur du coach peut aussi l’aider à voir ses difficultés sous un autre angle et l’aider à changer son regard sur une situation qui lui est difficile. Il faut également rappeler à l’enseignant qu’il est responsable du bien-être des enfants et pas uniquement de leur enseigner des mathématiques et du français. Le coach pourrait alors l’accompagner dans des stratégies de communication avec ses élèves afin d’établir une véritable relation de confiance entre eux. Tout cela réuni pourrait redonner un nouvel élan à la classe, tout en étant conscient que cela ne peut pas fonctionner dans toutes les situations. Certaines fois, il y a tellement de nœuds qu’il devient quasiment impossible de dénouer le problème.

 

3 Changement de programme, de moyens d’enseignement, de collègues, de centre, de directeur…

Tous les changements peuvent être signe d’angoisse, peur de l’inconnu, difficultés à s’adapter, divergences d’opinion… Tout changement vient perturber un équilibre qui parfois est très fragile. Notre vie est souvent faite de rituels qui nous rassurent. Venir perturber ces rituels, nous déstabilise et peut créer un mal-être important.

 

-> Un changement de degré crée ainsi une charge de travail beaucoup plus importante tout en nous mettant dans une situation délicate de manque de maîtrise de la matière à enseigner car nous n’avons pas le recul nécessaire pour savoir si nous sommes sur la bonne voie ou non.

 

Dans certains centres scolaires, il y a plusieurs enseignants du même degré. Une étroite collaboration et une répartition équitable des tâches à réaliser (création d’évaluations, recherche d’exercices supplémentaires, conseils didactiques, préparation de matériel, …) peut souvent soulager. Pour les enseignants de plus petites communes, ou ceux qui ne peuvent pas collaborer avec leurs collègues directs, il serait important de pouvoir se mettre en « réseau » avec d’autres enseignants dans la même situation. Avec les moyens de communications actuels, il n’est plus nécessaire de se déplacer. La transmission peut se faire par mail, les rencontres peuvent s’effectuer par Skype. Le coach scolaire pourrait permettre à ces personnes de se mettre en contact et les guider lors de leurs premières rencontres. Il suffirait de contacter les enseignants et de leur proposer cette possibilité. Bien entendu, pour que ce soit efficace, il faut que ce soit sous forme de volontariat. Le fait d’avoir un contact avec d’autres enseignants motivés peut vraiment avoir une influence très positive sur leur travail. Nous pourrions imaginer créer une liste d’enseignants possédant une certaine expérience dans un degré en particulier qui seraient disposés à partager leur expérience avec un enseignant qui débute dans le degré concerné. Le coach scolaire pourrait donc organiser ce genre de réseaux.

 

- De nouveaux moyens d’enseignement peuvent aussi nous déstabiliser, surtout si comme ces dernières années, ils ne sont pas prêts dans les temps, sont provisoires ou sont beaucoup plus conséquents que le temps à disposition pour les utiliser. Nous sommes conscients que la maîtrise de ce nouveau moyen va demander du temps et certaines fois les méthodes proposées sont très différentes de notre fonctionnement habituel, ce qui crée un conflit interne.

 

Trop souvent, ces dernières années, l’Etat du Valais a choisi de se placer en précurseur et d’instaurer des nouveaux moyens inachevés ou encore en cours d’impression. Les enseignants les recevaient même parfois en cours d’année. Ça a été le cas pour les nouveaux moyens d’environnement, pour le cahier de calcul mental, les nouvelles méthodes d’allemand… Ce genre de situation crée automatiquement une zone floue pour l’enseignant. Il a trop peu de temps pour anticiper la maîtrise de la matière et être à l’aise avec celle-ci. L’Etat doit comprendre à quel point il est important pour un enseignant d’être à l’aise avec la matière pour fournir un enseignement de qualité. Dans ce genre de situation, il est difficile de trouver une solution autre que de faire clairement comprendre à l’Etat que l’introduction de nouveaux moyens demande un temps d’adaptation et qu’il est très difficile d’entrer dans un programme à la dernière minute. Il est impératif qu’un nouveau moyen soit abouti quand il entre en vigueur. Il est également très important que la philosophie de la méthode soit expliquée aux enseignants afin qu’ils sachent l’utiliser de manière efficace. Des cours de formation continue sont donc nécessaires lors de chaque introduction de moyens et cela même si les enseignants s’en plaignent. Il me semble primordial que ces cours de formation soient pratiques afin de tester la méthode.

 

- Le changement de collègue ou de centre scolaire peut également avoir une influence négative. Je ne parle pas uniquement de duos pédagogiques mais également de dynamique de centre, de collègues de même degré. La collégialité est un sujet épineux. Nous devons vivre ensemble malgré nos différences. Des enseignants d’un même centre peuvent s’entraîner vers le haut ou alors tomber dans la négativité et rendre pesant l’ambiance du centre tout entier.

Ce point est fortement lié à la motivation des enseignants mais il y a toute la problématique du changement qui peut avoir un rôle très important. J’ai la chance de ne jamais avoir eu besoin de changer de centre scolaire depuis 18 ans que j’enseigne. Cependant, avec l’arrivée de notre nouveau directeur, un changement important s’est effectué puisque nous avons regroupé tous les enfants d’un même degré dans un seul centre. Je suis donc actuellement dans un centre composé uniquement de 7 et 8 H. Je n’ai pas eu besoin de déménager car j’enseigne dans ces degrés mais la moitié des collègues que je côtoyais chaque jour depuis plus de 10 ans ont dû changer de centre et d’autres sont venus prendre leur place. La dynamique toute entière du centre a été modifiée. L’ambiance en salle des maîtres, les personnes avec qui je collaborais, tout était à recréer. L’ambiance dans un centre peut très rapidement se péjorer. Cela peut également rapidement porter atteinte au moral car il est très difficile de travailler avec plaisir dans un lieu où les tensions sont palpables.

Construire une ambiance de travail harmonieuse est un réel défi. Chaque employé a son propre caractère, son vécu, son expérience, ses souffrances et ses soucis. Chacun arrive au travail avec le poids de ses problèmes personnels, ses joies et ses peines. Dans ce genre de situation un coach scolaire peut avoir également un bon impact. Il suffit parfois de quelqu’un d’extérieur pour permettre de créer une ambiance saine en salle des maîtres. Travailler au bien-être d’un centre scolaire aura automatiquement une influence sur l’enseignement prodigué aux élèves. Si l’enseignant sort de la salle des maîtres frustré, en colère ou triste, il n’aura pas le même engouement que s’il en sort joyeux et soulagé, son enseignement s’en retrouvera dynamisé. Organiser une séance d’Intervision de tout le centre scolaire peut permettre de mettre à plat les choses. Le titre de cette séance pourrait être : De quoi ai-je besoin pour me sentir bien sur mon lieu de travail et avec mes collègues ? Si chacun arrive à partager son ressenti à ce sujet, une réelle discussion peut s’engager et de nombreux problèmes pourraient se résoudre. Dans le cas d’un conflit profond entre 2 collègues, le coach peut les guider vers un(e) médiateur(trice) afin de réussir à trouver un terrain d’entente. La phrase : « Je ne suis pas responsable de la tête que j’ai, mais je suis responsable de celle que je fais. » peut très bien illustrer une séance suivante pour démontrer que mon comportement a automatiquement une influence sur celui des autres.

 

- Un changement de direction peut également entraîner un stress important. Même si ce dernier fait preuve de bonne volonté, ses idées sont différentes du directeur précédent ce qui crée automatiquement une rupture dans notre routine et vient perturber notre équilibre déjà fragilisé par d’autres critères. Les conflits avec la direction peuvent être nombreux : difficultés à se comprendre, désaccords divers, sentiment d’injustice, d’abus de pouvoir, …

 

Le coach scolaire pourrait servir d’intermédiaire afin de rétablir le dialogue entre l’enseignant en difficulté et le directeur de l’établissement. Il peut aussi aider l’enseignant à voir les qualités de son directeur plutôt que ce qui le dérange chez lui. Il peut également, par son côté neutre (il n’est pas sous les ordres de ce directeur), proposer des changements à ce dernier pour améliorer l’ambiance de travail (laisser plus de liberté aux enseignants et leur faire confiance en déléguant certaines responsabilités, mettre en place des rencontres pour améliorer les conditions de travail, faire preuve de transparence, être à l’écoute des besoins de chacun). L’enseignant a besoin d’être au clair avec les exigences qui lui sont demandées. En clarifiant cela, certains malentendus peuvent rapidement être levés et les conditions de travail nettement améliorées. La demande pourrait aussi émaner du directeur s’il remarque qu’il a de la difficulté à établir une relation sereine avec certains de ses enseignants.

 

4 Une classe difficile à gérer au niveau de la discipline, des élèves perturbateurs, qui manquent de respect, insolents.

 

Un élève qui n’est pas motivé par l’école et qui devient soit perturbateur soit complètement absent peut entraîner des difficultés importantes de gestion de classe. L’enseignant garde comme objectif principal d’enseigner. Dans ce genre de situation, l’enseignement devient secondaire car tant que le problème de comportement n’est pas résolu, la qualité d’apprentissage de toute la classe se détériore et rend fragile l’enseignant qui voit son programme prendre du retard et qui s’épuise à essayer différentes stratégies pour obtenir un climat de classe propice au travail. Chaque situation d’élève difficile est différente et une stratégie qui a bien fonctionné avec un élève peut ne pas du tout fonctionner dans une autre situation.

 

Le coach scolaire se mettrait à l’écoute de l’enseignant pour connaître les difficultés exactes qu’il rencontre avec cet ou ces élèves perturbateurs. Il fait également le lien avec le vécu de cet enfant que ce soit au niveau scolaire ou familial. L’objectif du coach scolaire serait de réussir à rétablir le dialogue entre l’enseignant et l’élève afin que chacun comprenne bien les attentes de l’autre. Il peut proposer différentes stratégies à l’enseignant pour éviter de tomber toujours dans la sanction qui va augmenter le manque de motivation de l’élève. Il peut donc lui présenter des pistes comme la création d’un contrat, la valorisation des activités bien réalisées plutôt que mettre l’accent sur ce qui n’a pas été fait, garder l’élève 2-3 minutes à la fin de la journée pour lui demander comment il se sent, s’il a des difficultés particulières qu’il souhaiterait lui confier, établir une relation de confiance entre eux. Il serait également bon d’impliquer la classe lors d’un problème d’intégration d’un élève. Quand un enfant ressent qu’il a de l’importance pour son enseignant et que malgré ses problèmes de comportement et d’application, il est considéré comme n’importe quel autre élève de la classe, son attitude peut diamétralement changer. J’ai pu le vivre avec un élève qui posait énormément de difficultés à mes collègues précédents et qui après deux ans dans ma classe n’est plus du tout le même enfant. L’autre jour, il m’a écrit un mot pour mon anniversaire en disant : « Merci pour tout ce vous faites pour moi ! » Ce fut mon plus beau cadeau de la journée.

 

 

5 Une classe qui manque de dynamisme, de motivation. La participation est quasi inexistante, il faut sans cesse redoubler d’énergie pour les tirer et le motiver.

 

Réussir à motiver ses élèves demande un investissement important de la part de l’enseignant. Quand nous utilisons toute notre énergie pour essayer d’attirer l’attention des enfants et que la leçon frise le fiasco, la motivation de l’enseignant en prend également un coup et peut affecter son moral rapidement.

 

Dans ce genre de situation, le coach scolaire pourrait aussi accompagner l’enseignant dans sa réflexion pour aider les enfants à développer une motivation plus importante. Parfois, le manque de participation est dû à la peur des moqueries ou à des cours qui ne captent pas suffisamment leur attention. L’expérience m’a montré qu’en mettant une dose d’humour, en faisant des activités plus ludiques (jeu, défi entre élèves, concours, quizz,…) la motivation des élèves peut vraiment évoluer. Quand il y a la peur de faire faux qui bloque certains élèves, le coach scolaire peut aider l’enseignant à faire comprendre l’importance de l’erreur dans les apprentissages en organisant des petits jeux de rôle qui vont leur démontrer que faire des erreurs développe la maturité et permet une progression nécessaire au développement de chacun.

 

6 Une classe ou des élèves qui ne s’investissent pas dans leurs tâches à domicile. Les devoirs sont régulièrement oubliés, les leçons ne sont pas étudiées, les corrections sont bâclées.

 

Le travail à domicile demande une collaboration importante entre les parents et les enseignants. Certains élèves profitent de ce manque de collaboration pour ne pas effectuer leurs travaux correctement. Lorsqu’un ou plusieurs élèves ne font pas correctement leurs tâches à domicile, cela engendre des frustrations chez l’enseignant qui ne peut pas avancer au rythme qu’il souhaiterait car il doit prendre beaucoup de temps pour vérifier les tâches en retard.

 

Pour l’avoir vécu quelques fois, la gestion des oublis peut devenir un véritable poids dans le quotidien d’un enseignant. Il peut tomber rapidement dans un cercle vicieux qui ne va amener à aucune évolution chez l’élève réfractaire. Le risque premier est de démissionner et de ne plus vérifier les tâches à rendre correctement pour éviter de se mettre en colère. Malheureusement, cela risque d’augmenter le nombre d’élèves qui n’effectueront pas correctement leurs tâches à domicile. Le coach scolaire, dans ce genre de situation pourrait par exemple lister avec l’enseignant les stratégies mises en place par ce dernier pour mettre fin au problème et lui proposer d’autres stratégies auxquelles il n’aurait pas pensé comme l’établissement d’un contrat avec récompense, une rencontre avec les parents pour leur exprimer ses attentes face aux tâches à domicile, exiger une signature des parents tous les jours dans l’agenda, proposer à l’enfant un cadre de travail qui lui permettrait d’effectuer ses tâches correctement…

 

7 Une classe qui ne s’entend pas. La dynamique de la classe est négative. Il y a des moqueries, certains enfants deviennent des boucs-émissaires, d’autres sont rejetés ou isolés.

 

La dynamique d’une classe peut aussi entraîner des situations délicates. Si l’ambiance est mauvaise, les enfants n’osent pas s’exprimer par peur de faire des erreurs et de subir des moqueries. Quand une dynamique n’est pas saine, il devient compliqué d’obtenir de bonnes conditions d’apprentissage, ce qui entraîne également des frustrations chez l’enseignant.

 

La dynamique d’une classe peut être améliorée en organisant différents petits ateliers en lien avec les émotions. Le film vice versa pourrait servir d’introduction. En ciblant leurs émotions, les enfants arriveront mieux à exprimer leur ressenti et ainsi se sentir plus en confiance si l’enseignant en tient compte.Déjà dans les petits degrés, mettre des mots sur des émotions peut permettre à l’enseignant de se rendre compte qu’à certains moments de la journée, un enfant peut être en colère, triste, joyeux, avoir peur ou être dégouté de quelque chose. Proposer à l’enseignant d’utiliser le dé des émotions (en lien avec le film cité ci-dessus) peut être un atout. Dans les plus grands degrés le système de conseil de classe peut beaucoup apporter à l’ambiance de cette dernière. L’utilisation des messages clairs peut aussi soulager l’enseignant dans la gestion des petits conflits qui parfois sont chronophages. L’élève prend la responsabilité de parler avec le camarade avec qui il est en conflit pour lui exprimer son ressenti et ainsi essayer de résoudre les tensions. L’enseignant n’intervient que si les 2 élèves ne parviennent pas à régler leurs problèmes. Le coach scolaire peut donc présenter ce genre de stratégies aux enseignants dans le besoin pour les aider à améliorer le climat de travail de leur classe.

 

8 Des élèves différents qui ont de la peine à trouver leur place au sein de l’école ou de leur groupe classe.

 

Une autre situation délicate pour un enseignant est de réussir à intégrer tous les enfants malgré leurs différences. Je ne parle pas là uniquement de handicap mental ou physique, mais de toutes sortes de différences. Certains enfants ont de la difficulté à trouver leur place dans un système scolaire très formaté. Ils peuvent se retrouver très vite isolés. L’enseignant peut donc manquer d’outils pour intégrer tout un chacun et réussir à faire progresser tous ses élèves. Ayant vécu régulièrement ce genre de situation, l’enseignant reste un généraliste et peut avoir de la difficulté à comprendre certains handicaps. Il est parfois également difficile de déceler un handicap. On entend régulièrement des phrases du genre : « Cet enfant est atypique, il est bizarre. » Il y a tellement d’éléments qui peuvent rendre un enfant « bizarre ». Il peut s’agir d’une maladie, d’une maltraitance psychologique ou physique, d’un potentiel élevé ou au contraire très bas, de harcèlement, d’un trouble du spectre autistique et j’en passe.

 

Dans ce genre de situation, le coach scolaire pourrait accompagner l’enseignant dans sa réflexion pour comprendre l’élève qui a de la difficulté à s’intégrer. Quels sont les critères qui le différencient ? Comment agit-il avec ses pairs ? Et avec l’enseignant ? Quel est son contexte familial ? Que faire pour l’aider ? Mon expérience m’a montré que de faire preuve de transparence auprès des camarades de cet enfant est véritablement bénéfique pour eux. Quand les enfants comprennent une différence, elle devient moins mystérieuse et donc fait moins peur. J’ai pu observer des changements radicaux de comportement de camarades par rapport à un enfant « différent » après qu’ils aient su pourquoi il réagissait ainsi dans telle ou telle situation. Le fait de briser les tabous peut paraître effrayant pour l’enfant concerné car on met clairement des mots sur sa différence. Cependant, très souvent, cela lui enlève un poids et le libère. Maintenant tout le monde sait, je peux enfin être moi-même. Pour l’enseignant, cette tâche est délicate, car il doit trouver les mots qui permettent à l’enfant de ne pas se sentir jugé mais compris. Il faut donc expliquer des faits clairs avec un langage adapté aux enfants. Pour l’aider le coach scolaire peut aussi mettre en contact l’enseignant avec un thérapeute spécialisé dans le domaine concerné.

 

9 Des conflits avec des parents d’élèves, désaccord sur les méthodes utilisées, remise en question d’évaluations, jugements.

 

- Les parents d’aujourd’hui peuvent avoir une influence importante sur le mal-être d’un enseignant. Plusieurs cas de figure peuvent péjorer leur travail.

 

a- Les parents démissionnaires : certains parents sont dépassés. Ils n’arrivent pas à faire preuve d’autorité auprès de leurs enfants ou ne s’en soucient pas. Ils ne s’intéressent pas non plus à ce qui se passe à l’école et donc n’aident pas l’élève à avoir une vision positive de l’école.

b- Les parents pointilleux : d’autres au contraire analysent chaque fait et geste de l’enseignant. Ils font des commentaires sur leurs choix didactiques, analysent leurs corrections se plaignent dès que leur enfant a perdu un demi-point quelque part. On peut parfois utiliser sans exagération le mot « harcèlement ». Ces parents considèrent que l’enseignant doit être disponible à toute heure de la journée et dans tout lieu où ils le rencontrent. Il devient parfois difficile d’aller simplement faire ses courses sans rencontrer un parent et devoir improviser une réunion au rayon fruits et légumes.

c- Les parents ayant un vécu difficile avec l’école. Parfois, l’enseignant se retrouve face à un ou des parents réfractaires au système scolaire, le jugeant mauvais ou inadapté. Le dialogue est alors très difficile à installer et l’enseignant peut ressentir un sentiment d’échec car en son for intérieur, il cherche à avoir une relation harmonieuse avec tous les intervenants qu’il rencontre.

d- Des parents séparés qui n’ont pas du tout le même fonctionnement par rapport à l’école.

Chaque relation avec des parents est différente. Chacun a ses attentes sur l’autre et souvent la réalité est bien plus compliquée à gérer.

En cas de conflit avec des parents, le coach scolaire pourrait rencontrer l’enseignant pour comprendre la source du conflit. Il pourrait ensuite avoir un contact téléphonique avec les parents concernés pour avoir leur son de cloche. Suite à ces 2 entretiens, il peut organiser une rencontre officielle et être présent à l’entretien. Par son côté neutre, le coach peut introduire la réunion en expliquant la difficulté de chacune des parties et essayer de clarifier le tout. Dans tout conflit, les deux parties doivent fournir des efforts pour le résoudre. Lorsque chaque partie aura exprimé son ressenti par rapport à la situation, le coach peut demander alors à chacun de faire un pas vers l’autre en prenant un engagement.

Par exemple : Un parent reproche à un enseignant de ne pas faire correctement son travail car il compare avec d’autres classes qui avancent plus vite. L’enseignant quant à lui est agacé par les remarques incessantes de ce parent sur les tests de son fils et se sent harcelé car ce papa lui téléphone toutes les semaines sur le temps de midi.

Cette situation peut rapidement devenir compliquée. Le coach peut par exemple demander à l’enseignant de démontrer à ce papa quels objectifs il a travaillé avec son fils et lui expliquer sa méthode de travail.S’il considère qu’il a manqué de rigueur dans un domaine, il peut s’engager à être plus précis dans la transmission d’informations aux parents afin d’établir un dialogue plus serein entre eux. Ensuite, le coach peut demander au papa de s’engager de ne plus téléphoner à des heures qui dérangent l’enseignant et de privilégier les demandes sous pli fermé pour éviter que l’enfant soit témoin de ce qui s’écrit afin de laisser à l’enseignant une part de crédibilité. Il peut également lui demander de faire des demandes d’entretien afin que l’enseignant puisse se préparer et ne soit pas pris de cours pour argumenter ses choix.

 

10 Difficulté à lâcher prise : parfois, comme une éponge nous « pompons » chacune des difficultés citées ci-dessus et on essaie de prendre sur soi. Si nous sommes consciencieux et professionnels, on nous apprend à nous remettre en question, à chercher comment mieux aider l’autre à amener chaque élève vers un épanouissement scolaire. Malheureusement cela peut créer une énorme frustration quand cela dysfonctionne et même nous faire perdre la confiance en nos capacités.

Choisir un métier social, nous amène régulièrement sur le chemin de la frustration. Dans notre formation d’enseignant, on nous enseigne à nous remettre perpétuellement en question, à viser toujours plus haut pour améliorer notre pratique. Comme dans l’éducation de nos enfants, une méthode qui a fait ses preuves avec un élève peut s’avérer inutile avec un autre. Il n’y a pas de bible de l’éducation ni de règlement qui fonctionne à coup sûr. S’investir émotionnellement, crée donc un conflit interne et peut complètement nous faire perdre la confiance.

 

Développer le lâcher prise est un travail de longue haleine. Lâcher prise ne veut pas dire rester froid face à une situation compliquée. L’homme est un être d’émotion et il est tout à fait normal d’en avoir dans des moments difficiles. Le coach scolaire peut aider l’enseignant en souffrance, à voir tout ce qu’il a fait pour changer cette situation. Il peut également l’aider à comprendre que certains éléments sont totalement indépendants de sa volonté et qu’il ne peut pas les changer. En listant tous ces éléments, le coach peut dès lors lui proposer un lâcher prise ou lui proposer encore quelques pistes. Il peut également rencontrer les autres personnes liées à cette problématique pour leur exposer les efforts fournis par l’enseignant et sa frustration face au manque de résultats que ses efforts impliquent.

 

En commençant cette réflexion, je ne savais pas où cela me mènerait. Plus j’écrivais, plus une certitude s’imposait à moi. Il faut absolument faire quelque chose pour améliorer les conditions de travail des enseignants. Le métier se complexifie toujours plus, la charge administrative est très importante et les attentes des parents sont très fortes. Nous sommes très exposés et cela peut être très déstabilisant. Depuis quelques années maintenant je ressens chez beaucoup de collègues, une lassitude énorme qui provoque un manque d’investissement important de leur part. Cela crée un véritable cercle vicieux car ce manque d’implication est ressenti par les parents qui expriment leur mécontentement et appuient ainsi encore un peu plus sur la tête de l’enseignant alors qu’il a déjà de la difficulté à nager et qu’il boit régulièrement la tasse. Je suis dès lors persuadé qu’un praticien avec de l’expérience, qui a su garder sa motivation malgré tout, peut apporter des solutions et redynamiser (si ce n’est pas déjà trop tard) les enseignants.

Une autre évidence s’imposait également. Moi, Laurent Ducrey, à ma petite échelle, je ne peux pas faire grand-chose. C’est pourquoi j’ai choisi de transmettre cette réflexion aux dirigeants de notre canton. Il se peut que ce travail de réflexion finisse dans un tiroir, faute des moyens économiques ou d’intérêt, mais si ce n’est pas le cas, je serai vraiment disposé à en parler avec eux et même me lancer dans la création de ce projet.

En parlant avec mon épouse de ce travail de réflexion, elle m’a proposé de le pousser plus loin en listant tous les côtés positifs du métier d’enseignant. Je trouve sa remarque très judicieuse. En effet, ce premier travail de réflexion m’a amené à trouver des pistes pour alléger les difficultés du métier, mais il ne parle pas suffisamment des avantages de ce dernier.

J’aime mon métier. J’aime enseigner. Les points positifs du métier, il y en a beaucoup. Je m’engage ainsi à poursuivre ma réflexion pour mettre en valeur la beauté du métier.

Advienne que pourra…

Travail de réflexion écrit par Laurent Ducrey en avril-mai 2017

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Sabine a écrit :
19/10/2018 11:55

http://www.amazon.fr/Enseignant-Conscient-Mode-dEmploi-Tatiana/dp/2956284525
UN ENSEIGNANT CONSCIENT est un enseignant qui a pris l'habitude de prendre du recul sur lui, sur ses pratiques, sur ses relations aux autres - parents, collègues, élèves, étudiants, hiérarchie .... Il développe sa capacité à changer de regard sur les événements, à voir une situation sous différents angles et à s'observer lui-même. Il prend alors part à l'évolution de son métier en apprenant à se connaître tant au niveau personnel que professionnel. Considérer l'enseignant dans sa globalité et non pas seulement comme un transmetteur de savoirs est essentiel dans ce monde éducatif à venir. Pour vous aider à devenir l'enseignant conscient que vous êtes, voici 38 DÉFIS À RELEVER chaque semaine au rythme que vous convient. Chaque défi sera accompagné d'idées et/ou travaux pédagogiques pour vos élèves en lien avec le thème travaillé et d'une pensée positive pour la semaine. Observez vos élèves en même temps que vous vous observez. DÉCOUVREZ L'ENSEIGNANT QUE VOUS ÊTES ! En complément, le regard de la comédienne sur chaque défi. DES DÉFIS PÉDAGOGIQUES c'est possible ! A vous de jouer ! Et grâce à ce livre pratique, ludique et interactif, découvrez l'enseignant conscient que vous êtes ! Diplômée en Master de Mathématiques, Tatiana JYN a exercé de nombreuses années comme professeur des écoles et maître formateur de l'Education Nationale française. Elle est comédienne et metteur en scène professionnelle. Mêlant son esprit scientifique et spirituel, elle redonne au corps une place de choix sur le chemin des apprentissages.

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